On ne dirait pas que j'ai fait quelque chose. C'est exactement ce que je voulais, mais je ne peux pas m'empêcher d'avoir un petit pincement d'amour-propre absurde et idiot : depuis un œil extérieur,
c'est comme si je n'avais rien fait, parce que ce que j'ai fait n'a pas laissé de trace.
Ça ne se voit pas ! Et pourtant :
Je suis "restée" plusieurs jours sur ce figuier. Je l'ai longtemps regardé, j'ai vu quelles branches s'emmêlaient à d'autres, comment les pieds de ronces l'avaient utilisé comme tuteur pour monter jusqu'à sa cime puis retomber en longues lianes jusqu'au sol, où elles s'étaient enracinées de nouveau. J'ai pris du recul pour voir sa forme naturelle en dôme, et imaginer comment préserver cette forme tout en aménageant un passage près du tronc.
Ensuite j'ai taillé quelques branches, surtout en bas. Et j'ai retiré des mètres et des mètres de ronces. J'ai déraciné les pieds de ronces, sauf ceux qui, un peu sur le côté, servent de clôture anti-brebis... et puis j'aime bien les ronces (en principe).
J'ai fait en sorte de préserver des branches qui offriront leurs figues à hauteur de main. D'autres, tout en haut, seront pour les oiseaux, les rats... et il y a même des branches qui dépassent à peine de ma clôture, pour récompenser les promeneurs qui auront l'œil.
Toutes les ronces ont fini découpées en petits morceaux (au sécateur) au pied de l'arbre. Ça a pris un sacré temps. Mais à défaut de broyeur, on fait comme on peut ! Hors de question de brûler, bien entendu...
Après avoir enlevé la plus grande partie des ronces, j'ai découvert un sureau (youpi !), qui pousse avec le figuier. Il était un peu à l'étroit, un peu penché, et son écorce est usée à plusieurs endroits, là où des branches de figuier frottaient. J'ai fait de la place au sureau.
Ça ne se voit pas non plus.
On travaille par toutes petites touches, rien de trop, on prend beaucoup de temps, avant et pendant, pour comprendre sur quoi on travaille. Chaque geste est fait avec amour (même le déracinage des ronces). Il ne s'agit pas de transformer, mais de révéler ce qui existe déjà.
C'est un grand but dans la vie, de laisser une trace. Dans le jardin, la vraie gloire, c'est que tout ait l'air naturel. Moi aussi, d'ailleurs, je suis très bon public à ce propos. J'aime m'installer dans mon jardin et faire semblant de ne rien y avoir fait. Je m'extasie alors devant la beauté de la nature, sa générosité, sa grâce sans apprêt...
"Souvenez-vous, Nature, que vous êtes assez belle pour vous passer de chercher à l'être."
Ci-dessous, une photo "avant" (mais j'avais déjà enlevé une grosse partie des ronces) et une photo "après". La différence est... subtile. Tant pis, moi je sais ! Puis une photo du sureau, qui se cachait là pendant tout ce temps !!
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