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Les leçons de l'été

1. Ne pas mettre la terre à nu à partir du printemps, même de mince sillons. Et si on doit malgré tout désherber le sol, ne pas le pailler. La combinaison "beau temps + terre désherbée + paillage BRF" est un eden pour les fourmis d'Argentine, ces chères invasives.

Sur la photo ci-dessous, je pensais être tranquille en ne désherbant que les sillons où j'allais transplanter mes choux et semer mes haricots verts. Ce que je fis. Lorsque les haricots ont été assez grands, et la température augmentant, j'ai pensé bien faire en posant à leur pied ainsi qu'à celui des choux des copeaux de bois déjà bien secs, pour garder la fraîcheur dans le sol. Erreur fatale ! En 24 h les fourmis sont arrivées, et leur installation courait sur la totalité de la surface des deux sillons. En y regardant de plus près, j'ai remarqué qu'elles s'étaient servi des copeaux de bois comme d'une charpente, leurs galeries de terre poudreuse étant largement soutenues par eux... Et comme si ça ne suffisait pas, elles ont rapidement attaqué les jeunes plants de haricots, feuilles et fruits. Les choux ont été également "aérés" par les racines (donc pour garder la fraîcheur dans le sol tu repasseras !), par contre ils n'ont pas été mangés.

Donc : favoriser les nettoyages - notamment l'épierrage - d'hiver, ainsi que les semis dans un vrai couvert (à tester l'année prochaine). Les fourmis d'Argentine semblent moins enclines à s'installer dans un sol contenant un réseau racinaire dense.

2. Le sol a énormément progressé dans les endroits cultivés, donc épierrés et régulièrement arrosés. Même quand ce sont de très petites surfaces, comme au pied d'un nouvel arbuste, on y voit beaucoup de vers-de-terre et la texture de la terre est magnifiquement grumeleuse. C'est une bonne nouvelle, montrant que malgré les récents bouleversements du sol à cause des travaux de la maison et du terrassement du jardin, la base était excellente et ne mettra pas longtemps à revenir (juste le temps que je range les cailloux sans doute... ;/ )

 

3. Le 25 juillet, j'ai décidé d'établir un ordre des priorités dans mes cultures et dans leur arrosage, pour adapter le jardin à la fois à la sécheresse, au fait que le sol retient encore très mal l'eau (cailloux cailloux !), et à mon emploi du temps, notamment une absence de 15 jours en août.  J'ai donc abandonné l'idée de nouveaux semis pour avoir des légumes d'automne et d'hiver, et réservé l'arrosage aux plantes destinées à durer et à constituer la structure du jardin : les jeunes arbres et arbustes fruitiers, les fraisiers, la toute nouvelle glycine et les lilas.  Mes courges et tomates qui n'avaient jamais vraiment pris leur essor cette année ont été laissées à leur belle mort... J'y reviendrai quand le terrain sera mieux préparé !

 

4. Arroser autant que possible par "en-dessous", grâce aux canaux d'irrigation. J'ai déjà parlé du sillon creusé derrière les agrumes afin de me faciliter l'arrosage. On pose le tuyau à un bout et on laisse les racines s'abreuver d'elles mêmes. Entre les agrumes restaient quelques fraisiers de l'année dernière, appelons les les fraisiers A. Tous les autres fraisiers, je les avais transplantés au printemps dans une autre plate-bande, bien propre (malheur !) entre le pommier et le poirier. Appelons les les fraisiers B. Ils étaient bordés eux aussi du sillon d'arrosage destiné aux pommier-poirier, mais les fourmis d'Argentine s'y étant installées, et ma lutte contre elles a détruit le sillon... J'ai donc arrosé tout l'été les fraisiers B par au dessus, de façon classique, plusieurs fois par semaine. Ainsi, j'ai pu voir que les fraisiers A, arrosés une fois par semaine par le sillon, se portaient beaucoup mieux que les B, arrosés trois fois par semaine par au-dessus. Plusieurs raisons sans doute : sol moins venteux, plus ombragé chez les A, peut-être que leur souche est restée dans le sol malgré mon arrachage de tous les autres (les A sont des oublis) ; mais je pense que l'arrosage par un sillon profond, situé à 20 cm sous la surface du sol des A, le fait que l'eau s'infiltre encore plus profond et que les racines aient donc besoin de plonger à sa recherche, rend les fraisiers plus robustes et moins perturbés que les B, arrosés par en haut alors que le sol environnant et en profondeur est sec... 

Je viens de refaire le sillon des B, et je les passe donc à l'arrosage hebdomadaire (photo ci-dessous)

On va vérifier ça l'année prochaine, car je transplanterai alors tous les petits fraisiers issus de stolons entre les agrumes, et où les A et les B seront arrosés par le sillon.

5. Prévoir les "imprévus" climatiques. Les orages sont de plus en plus brutaux, les vents forts, avec ou sans pluie. Cet été fut violent pour les jeunes plantations, malmenées par les rafales desséchantes et quelques averses de grêle... Le jeune poirier a perdu trois poires sur les six qu'il portait. Le jardin a besoin d'être protégé par des coupe-vent, qu'ils soient permanents (haies) ou non... Dans le "ou non", je mets par exemple les herbes hautes, qui ont protégé mes jeunes cassis du vent et leur ont fait un peu d'ombre, jusqu'à ce que je coupe les herbes fin juin, ce qui a desséché les feuilles des cassis en une journée. 

En Normandie où j'ai fait un tour le mois dernier, j'ai vu deux terrains cultivés en agroécologie. Les cultures sont mélangées avec les plantes indigènes, et pour l'un des deux terrains, les plantes cultivées étaient à peine arrosées, seulement une fois à la plantation, comme par exemple, les groseilliers et les cassissiers. Bien sûr, ils n'ont pas l'opulence de ceux qui sont arrosés régulièrement, mais ils survivent, sur un plateau venteux, et pourtant il a fait anormalement sec en Normandie cette année ! Ils n'auraient sans doute pas survécu si on avait "nettoyé" autour d'eau, et les hautes herbes laissées intentionnellement jouent un rôle important dans leur protection.

 

Economiser l'eau, jouer sur d'autres dynamiques pour perpétuer une culture, tester l'endurance des cultures à la sécheresse, tâcher de les acclimater aux changements climatiques... 

 

Pour terminer, quelques nouvelles du reste, avec photos. Le figuier taillé cet hiver a une magnifique forme "naturelle" et depuis le dessous, on est comme dans une salle, bien fraîche l'été. Je suis assez fière du résultat, car on dirait que je n'ai rien fait (voir l'article "ça ne se voit pas").

Les "petits" de cette année : glycine, groseilliers et cassissiers, arbousiers, lilas (un acheté, l'autre retrouvé dans une fente d'un mur, rejet de lilas qui était dans le jardin avant les travaux et qui avait malheureusement été "nettoyé" par les ouvriers...)... et les trois poires restantes du jeune poirier planté à l'automne 2018.

Le genre de photos servant d'"avant" dans l'espérance d'un meilleur "après" ^^' Il faut bien partir de quelque part !

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