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Eautonomie : la cuve d'eau de pluie

Un jardin sur une pente, très caillouteux, sans cours d'eau à proximité, en climat méditerranéen, voilà mon lot. Heureusement, j'aime les plantes sauvages, adaptées au terrain, résistantes à la sécheresse, et ce sont elles qui couvrent la grande majorité de ma surface. Les autres - jeunes arbres et arbustes, agrumes, fruits et légumes du potager, vivaces ornementales - devaient être arrosées jusqu'à maintenant par l'eau du robinet. Or, chaque été désormais, il y a des restrictions d'arrosage. Juste au moment où les plantes ont le plus besoin d'être arrosées (Surtout le potager) !

 

Mais un climat méditerranéen et un terrain en pente ont aussi des avantages. Il pleut moins souvent qu'ailleurs mais en plus grande quantité d'un seul coup, et la pente donne l'occasion de faire des aménagements en terrasses qui permettent de ralentir, et même de stocker l'eau. 

 

Aujourd'hui, je vous présente ma terrasse qui est aussi un collecteur d'eau de pluie et également une cuve de stockage de cette même eau. Un trois-en-un qui a pour but l'autonomie en eau du jardin. 

  

1. La conception

Il existait déjà une terrasse, mais elle était en voie de délabrement avancé.  (Ci-dessous, photo en 2018)

Puisqu'il fallait la refaire, l'idée était d'aménager une réserve d'eau en dessous, sans modifier l'emprise totale qui me convenait. Voici un petit croquis avant-après du principe, vu en coupe : 

Ensuite, la question était : comment récupérer l'eau ? Habituellement, on utilise les gouttières de la maison comme collecteur et on branche les descentes d'eau pluviale sur la cuve. Mais ma maison, comme les autres maisons anciennes du coin, n'a pas de gouttière et l'eau de pluie ruisselle depuis toute la largeur du toit directement sur le sol. Poser des gouttières aurait été coûteux et difficile car la façade n'est pas du tout rectiligne, et je voulais garder le fonctionnement d'origine, avec les rideaux de pluie tombant du toit.

 

J'ai donc opté pour un collecteur intégré à la terrasse. Ce n'est pas perceptible lorsqu'on se tient dessus, mais la surface possède une double pente de 1 à 2%, dirigeant l'eau qui tombe dessus vers un petit caniveau qui longe la façade de la maison.

Ce collecteur récupère non seulement l'eau qui tombe du toit sur la terrasse, mais aussi l'eau de pluie qui tombe directement sur la terrasse (ce qui ajoute 20 m2), ainsi que l'eau qui tombe sur les escaliers qui longent la maison sur un côté et qui aboutit à la terrasse (encore quelques mètres carrés). 

J'ai fait le test : même avec une toute petite pluie d'un millimètre dans le pluviomètre, de l'eau tombe dans la cuve.  C'est donc un système très performant.

Pour utiliser l'eau en arrosage dans le jardin, j'ai opté pour le plus simple : l'achat d'une petite pompe électrique, avec un tuyau immergé et un autre qui est un simple tuyau d'arrosage classique. Des marques de base de matériel de jardinage en font, elles sont conçues spécialement pour cette utilisation. Je la sors seulement lorsque j'en ai besoin. Elle est légère, facile d'utilisation, et j'ai été agréablement surprise du peu de bruit qu'elle fait. 

Les dernières choses auxquelles penser à l'étape de la conception, étaient le risque de moustiques, le risque d'algues, le risque que des bestioles tombent dans la cuve et se noient et la nécessité d'entrer de temps en temps dans la cuve pour nettoyer.

Les moustiques : ils viennent pondre dans l'eau stagnante. Les entrées d'eau et la sortie sont donc réduits au maximum, et de simple filtres en grillage doublé de moustiquaire sont ajoutés afin d'empêcher les adultes d'entrer.

En même temps, ça règle le problème du risque de noyade des lézards et autres bestioles, et ça retient les petites saletés comme graviers ou bouts de feuilles. Les filtres sont amovibles.

Les algues : elles poussent lorsque la lumière est suffisante. Là encore, la réduction des entrées d''au, et donc de lumière, fait le travail. Pour la trappe de visite, qui, elle, doit être assez large pour qu'un être humain y passe (moi, surtout ^^), elle est fermée par une plaque opaque. 

La profondeur de la cuve est déterminée par le terrain environnant et on a vérifié qu'on pouvait y entrer et nettoyer ; il faut rester accroupi, mais c'est praticable.

2. La réalisation

Je ne cache pas que mon rêve était une cuve maçonnée avec les belles pierres du coin, un mortier romain hydrofuge et tout le toutim, mais... le portefeuille n'aurait pas suivi. On est donc parti sur du parpaing de base et de l'enduit béton. 

A l'intérieur, l'étanchéité devait être impeccable, non seulement pour retenir l'eau dans la cuve, mais aussi pour protéger les fondations de la maison. Entre ces dernières et l'eau il y a donc : une bande de terrain naturel, puis un mur de béton, puis un enduit intérieur bien fin et lissé, et enfin une membrane PVC comme pour l'étanchéité d'une piscine. 

Autour, une bordure d'environ 15 cm de hauteur empêche l'eau des grosses pluies de ruisseler en cascade sur la plate-bande située au pied de la terrasse, et la pente ramène cette eau vers le caniveau de collecte.

Les travaux se faisant dans un jardin déjà petit, on a tout fait pour que le chantier prenne peu de place. C'est du travail de réflexion en amont, pour savoir où mettre les morceaux de béton de l'ancienne cuve, et les déblais du creusement, dans quel ordre faire tout ça, etc. J'ai eu un maçon de grand luxe pour ces travaux, c'est ma chance ! Il m'a mis de côté les belles pierres, a réutilisé les vieux morceaux de béton pour caler la nouvelle cuve, et a sorti les déchets, dont certains toxiques, cachés sous l'ancienne terrasse (batteries de voitures, rien que ça !!)

Pour les étapes de la réalisation, quelques photos : 

On en a profité pour récupérer l'eau du trop-plein du chauffe-eau, qui se vidait avant dans le terrain directement, comme on le voit sur la photo suivante (la tache plus foncée)

3. L'utilisation

Comme je l'ai dit plus haut, j'ai acheté une petite pompe de jardin qui permet d'emmener l'eau partout dans le jardin, mais elle n'est pas toujours nécessaire.

Les travaux ont été terminés en octobre 2022, et en décembre, grâce aux pluies d'automne, la cuve était pleine.

Son volume est de 15 m3. C'est suffisant pour mon usage dans le jardin, sachant qu'à la moindre pluie elle se remplit.

Comme le jardin est sur une pente, le plus gros de sa surface est situé sous la surface de l'eau. Plus la cuve est remplie, plus je peux arroser de surface de jardin sans utiliser la pompe, par simple gravitation.

Pour cela, il suffit d'immerger un tuyau d'arrosage en en faisant sortir une extrémité, de faire siphon pour que l'eau le remplisse complètement, et puis de baisser le tuyau jusqu'au niveau du sol à arroser. Pour "fermer l'eau", il suffit de coincer l'extrémité du tuyau en hauteur.

Premier test en mars 2023, sur une nouvelle plate-bande au pied de la terrasse. Ça marche ! 

Maintenant, on verra comment ça fonctionne à l'usage. 

Comme la pompe est assez puissante, je l'utiliserai en association avec un réseau de petits canaux d'arrosage. Ainsi, je mettrai le tuyau à un bout du réseau et l'eau parcourra les canaux pour arroser. C'est plus efficace et économe qu'arroser par aspersion.

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Commentaires: 1
  • #1

    za_la_tornade (dimanche, 26 mars 2023 14:17)

    Un grand merci pour ce bel article, très instructif et documenté !
    Longue vie à ta cuve et à ton potager
    Isabelle