A force d'observer, expérimenter, comparer, me renseigner dans les livres et auprès d'autres "victimes", et, tout en étant occupée ailleurs, continuer à penser au sujet, j'ai obtenu quelque chose de pas mal du tout dans l'affaire des fraises assaillies par les fourmis.
Dans le dernier article, j'espérais que laisser des "herbes" parmi les fraisiers nouvellement transplantés découragerait l'installation des fourmis invasives (chez moi, il s'agit des Tapinoma magnum). Ça marche assez bien ! Certaines se sont installées dans les parties les plus dégagées, mais il n'y a pas eu d'envahissement total, avec ensevelissement des pieds de fraisiers sous la fourmilière, comme dans la première rangée.
Revenons à cette première rangée.
Je l'avais amoureusement préparée l'année dernière, en nettoyant bien la terre des cailloux et des herbes, et j'y avais aligné de jeunes fraisiers qui ont eu ainsi fière allure, ... jusqu'à l'arrivée des fourmis. Elles ont adoré la terre bien préparée, et, quand le temps est venu, elles ont adoré aussi les fraises. Bref.
Cette année, de nouveau, les fourmis se sont installées dans cette rangée n°1. Elles ont installé de nombreux paquets d'œufs près de la surface, contre ou entre les fraisiers, et se sont servi de ces derniers pour échafauder leurs fourmilières (j'utilise le pluriel, mais en fait, si j'ai bien compris, il s'agit d'une seule colonie qui comporte plusieurs reines, donc plusieurs nids reliés les uns aux autres, et dont les ouvrières collaborent).
Le résultat, pour les fraisiers, a été l'ensevelissement sous les petits cônes de terre. Les fleurs qui ont eu la chance d'apparaître étaient à moitié enfouies, donc à moitié pollinisées, et les fraises qui en ont résulté étaient de forme irrégulière. Selon l'étape de croissance où survient cet ensevelissement, le futur fruit peut sécher ou pourrir pendant sa croissance, ou bien se former normalement mais être ensuite soustrait en partie aux rayons du jour, et donc mûrir n'importe comment. Les fraises sont alors bizarrement bariolées (cliquer sur les photos pour les agrandir).
Le résultat, pour moi, a été de rendre la cueillette infernale, car les fourmis grimpaient sur mes mains dès que j'effleurais les fraisiers, et, si au début elles étaient plutôt curieuses, sans plus, au bout d'un temps assez court elles se sont mises à mordre...
Comme l'année dernière, j'ai mis un peu de terre de diatomée, mais je n'ai observé aucun résultat probant, et j'ai crains de changer la nature de ma terre.
En revanche, j'ai testé la théorie du "on verra qui de vous ou de moi se lasseras la/les premières". J'ai parié sur la mémoire et l'intelligence des fourmis : tous les deux jours (ou tous les jours parfois), j'ai passé une petite griffe à trois dents dans les fraisiers, pour remuer la terre et découvrir les caches d'œufs de fourmis. (Sur la photo ci-dessous, c'est la griffe, mais pas les fraisiers, qui eux sont moins pierreux que ça !)
A chaque fois, panique chez les fourmis qui récupéraient leurs œufs pour les mettre à l'abri, sortaient toutes à la surface et couraient dans tous les sens en ... fourmillant (ce qu'elles font très bien, naturellement). Ça a duré trois semaines environ, puis les fourmis ont disparu progressivement : plus de nids, de moins en moins de fourmis. Seulement des passantes, rares et qui ne décourageaient pas les autres insectes, dont les pollinisateurs de fraisiers, ceux qui m'intéressaient particulièrement !
Elles ont disparu seulement aux endroits où j'avais griffé. Les fourmilières sont encore bien présentes ailleurs dans les hautes herbes et les lieux que je ne cultive pas. Je les laisse, car je n'ai pas l'espoir de les chasser de mon jardin, seulement de leur poser des limites. Et ça marche !
Cela faisait presque un mois que je ne griffais plus et qu'elles n'étaient pas revenues. Ce matin, j'ai remarqué qu'elles étaient un peu plus présentes, et j'ai repassé un coup de griffe, sans pour autant découvrir de nids d'œufs. Peut-être qu'un léger entretien sera nécessaire, mais en tout cas, c'est prometteur.
J'arrose toujours de la même façon, en versant des seaux d'eau dans le sillon qui court entre les deux rangées. J'ai l'impression que ça convient bien aux fraisiers, qui ainsi ne sont jamais mouillés au pied, mais plongent en profondeur pour aller chercher l'eau et tous les bons nutriments du sous-sol. Avec un arrosage régulier mais pas quotidien, j'obtiens à présent de très grosses fraises, parfaitement pollinisées et formées.
Avant de crier totalement victoire, je vais poursuivre mes efforts sur la saison, et essayer de m'y prendre plus tôt dans l'action "para-fourmis" l'année prochaine. A suivre donc...
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